○ you are waiting for a train.

Tes mains sont coordonnées, tes gestes synchronisés. Dans le bassin aquatique de l’est du parc animalier se dresse deux mammifères marins qui dans leurs aisances flirtent avec l’eau d’une manière naturelle, envoutante. Tenant ton sifflet entre tes lèvres, tu souffles dans celui-ci doucement une première fois avant de taper dans tes mains, le sourire aux lèvres. Tes élèves émettent un cri de satisfaction tout en se rapprochant de ta personne alors que tu t’accroupis pour les accueillir. Loin d’être de parfaits petits élèves, ces deux loutres ont le sens taquin et malicieux du rire. Un sentiment qui les habite de manière quotidienne mais toujours dans l’unique de partager l’échange avec autrui. Voilà deux années presque que tu en as la charge et tu ne changerais de vocation pour rien au monde. Alors qu’elles sont toutes proches, l’une des deux loutres t’asperge d’eau tandis que la deuxième vient chercher le confort de tes caresses amicales et complices. Dans les hauts parleurs qui entourent le bassin, tu peux entendre la musique de fermeture du zoo retentir signe que cette journée est désormais belle et bien terminée. « [color:9b96=#slategray]Allez les coquins on en a fini pour aujourd’hui tous les trois. ». Déclares-tu tandis qu’un sourire sincère se dessine au coin de ta bouche. Une bonne demi-heure plus tard, tu retrouves ton frère ainé qui t’attend dans sa voiture. Sous ta casquette de baseball de l’équipe locale, tes cheveux nouvellement courts sont encore humides d’où le frisson face au vent qui chatouille ta nuque. C’est donc bien satisfait que tu te réfugies bien vite dans l’habitacle du véhicule où la chaleur est d’un grand réconfort. « Et bien pour la première fois depuis longtemps tu ne connais pas la ponctualité. ». La voix de Carter est toujours égale à elle- même posée et rieuse à la fois. Tu avais pour habitude de toujours être ponctuelle mais pour une fois tu avais manqué à ce trait de caractère que tu défendais si bien jusque-là. Lunette de soleil sur le bout de son nez, il te fixe d’une manière attentive et silencieuse avant d’enlever ses lunettes et d’enlever ta casquette. Il écarquille ses prunelles sombres et tu hausses les épaules en comprenant ce qui peut le choquer autant. « C’est … Maman va finir par faire une crise c’est clair et définitif. ». Son assertion laisse place à une image pensive et automatique de la réaction de votre figure maternelle. Cette dernière ne se remettait pas que sa petite dernière puisse être aussi garçon manqué et ta longue chevelure brune était un vestige qu’elle ne cessait de protéger que cela soit par ses éloges ou encore lorsqu’elle pouvait te les brosser étant gamine. Cela faisait un peu plus d’un mois que tu n’avais pas mis les pieds au domicile familial de ton enfance, tout simplement parce que tu étais très occupé par le travail ou encore par tes activités personnelles. Tes proches sont des piliers importants dans ta vie, mais tu avais aussi besoin d’espace. « C’est pas grave, ça va repousser de toute manière … ». Dis-tu en rigolant avant de remettre ton couvre-chef sur le sommet de ta tête. « … Il y aura au moins de la discussion sur le sujet tu peux en être sûr, surtout ce week end. ». C’était certain, on ne peut nullement éviter le barbecue annuel des anniversaires dans la famille Delhow. Vous échangez un sourire complice alors que ton frère prend la route en direction du centre-ville. Tu étais encore parvenue à lui imposer une séance de film à l’eau de rose mais en contrepartie vous alliez manger dans un restaurant de son choix. « Tu amènes quelqu’un cette fois ? ». Tu savais très bien qu’il parlait du barbecue en famille, vous aviez pour coutume de toujours invités quelques amis. Tiffany était une habituée, ta meilleure amie avait le sens des repas en collectivités mais ce week end là elle était occupée de son côté. « Non, je viens en solitaire … pourquoi cette question soudaine d’ailleurs ? ». L’interroges-tu de manière légèrement soupçonneuse. Carter était quelqu’un de calme par nature mais le rôle du grand-frère protecteur il le tenait aussi bien que ton rôle de petite sœur casse pied et maligne. Toujours les mains sur le volant, l’air tranquille, il hausse les épaules tout en gardant son regard sur la route. « Oh comme ça, je pensais que tu aurais invité Nathan, c’est tout … ». Une phrase emplit de supposition qui déclenche en toi une vague soudaine d’anxiété. Toi et Nathan étiez sortis ensemble par le passé, vous quittant en bon terme, toujours liés par l’amitié sans la moindre ambiguïté jusqu’à ce que intimement parlant vous remettiez le couvert. Dans quelle situation tu t’es encore mise Eve ? Non mais franchement ! Des réprobations qui se terrent dans le vague à l’âme de ton esprit lorsque la voix de ton frère reprend. « Eve … Tu vas finir par me répondre ou quoi ? ». Tu passes une main sur ton visage tout en ouvrant la fenêtre côté passager. « Hein … Euh non, pourquoi je l’aurai spécialement invité ? ». Dis-tu doucement en grimaçant d’un air agacé. Face à tes traits d’expressions, Carter rigole d’un air bon enfant tout en secouant la tête. « Pour rien. ». Et bien de ton coté tu n’en étais pas sur du tout.