i'm slowly drifting away ~ Jaxen

Jambe droite, jambe gauche. Jambe droite, jambe gauche. Marcher n'est d'ordinaire pas compliqué: Sauf lorsqu'on vient de se prendre une bonne raclée. Ce qui est mon cas, de toute évidence. Pourtant, la journée avait tellement bien commencé! J'suis parti de l'appart' serein...et soyons honnêtes, un peu défoncé. Mais pas plus que d'habitude, quoi! Puis j'suis allé en cours où j'ai pris des photos, peint un peu également. Bref, j'ai fait ma p'tite vie tranquille sans parler ni rien demander à personne: Comme si je voulais m'emmerder à prendre le temps de faire connaissance avec mes "camarades de classe", sérieusement. Non, définitivement pas mon style. Je ne suis pas du genre à faire le premier pas: généralement ça attire les ennuis et les problèmes. Hors je pense commencer à être allergique à ce genre de choses. Mais il a fallu que tout dérape en milieu de soirée. Merde, quoi. J'avoue que je n'aurais peut-être pas dû rentrer dans le jeu de ce type qui n'a pas eu d'autres choses à faire que de me traiter de tarlouze tout ça parce que je laissais un mec -canon, j'avoue-, me draguer. Résultat des courses, je l'ai provoqué, il a continué à m'insulter et j'ai fini par lui en mettre une: Ok j'suis gentil et aussi mignon que Casimir d'habitude, mais faut pas pousser. Je déteste qu'on insulte ce que je suis, ce que je fais. C'est plus fort que moi, faut toujours que je joue de mes poings dans ces moments là. Puis comme un con, j'me suis fait avoir. Le type était pas seul et ses potes ont pas tardé à s'acharner sur moi. Trois contre un, c'est toujours d'un courageux! Bref, après qu'ils aient bien joué, bien rigolé, ils sont partis après m'avoir encore bien insulté au passage. J'ai attendu là, couché sur le sol pendant quelques minutes avant d'avoir la force de me lever. Le soir les passants sont rares, mais deux ou trois personnes m'ont demandé si j'avais besoin d'aide, alors que d'autres m'ont regardé de travers. Je me suis contenté de les rassurer simplement avant de m'en aller sans me retourner. Voilà des années que je n'ai pas eu à compter sur une autre personne que moi-même...Enfin sans compter Jaxen quoi. Ah, Jaxen. S'il me voit dans cet état, il va très certainement péter un câble.

Lorsque je rentre tant bien que mal dans l'appartement quitté ce matin, je vois qu'il est plongé dans le noir: Jaxen n'est pas encore rentré. Bizarre. J'hausse alors les épaules juste pour la forme avant de fermer la porte d'entrée d'un coup de pied: ce qui me fait pousser un léger hurlement. Mes jambes me brûlent, je sent encore la portée des coups dont ces mecs m'ont rué. Et je crois que le  reste de mon corps n'est pas dans un meilleur état. D'ici demain ou après-demain les bleus vont sortir et là ce sera encore plus repoussant: Génial. Ça m'apprendra à avoir une fierté aussi mal placée, tiens! Épuisé, je trouve tout de même  le courage d'aller jusqu'à la cuisine, où je prends le premier sachet de surgelé que je trouve. Je me traîne ensuite au salon où je me laisse tomber comme une masse sur l'immense canapé: là encore, je grimace et grogne face à la douleur et à l'inconfort. Sans attendre, je pose la poche gelée sur mon oeil gauche, celui qui a le plus morflé. Un gout affreux de sang s'est installé depuis longtemps dans ma bouche mais j'ai la flemme de me relever, trop occupé à combattre les vagues de douleurs qui m'assaillent de toute part. Ces cons là n'y sont pas allé de mains mortes! Mes poings saignent aussi, signe flagrant que je me suis bien défendu et qu'au moins, j'ai rendu les coups en arrivant à blesser mes agresseurs. Ou plutôt l'un d'eux, ouais. Las et fatigué, je détends mes muscles et ferme les yeux: J'ai sommeil, bien que je sache qu'il ne faut pas que j'me laisse emporter par Morphée. Pas alors que j'suis encore en train de saigner et que j'me suis pris des coups aux côtes qui soit dit en passant, sont en train de me faire souffrir à mort. Mais voilà, c'est plus fort que moi...

Et bizarrement, je suis déjà tellement dans les vapes que j'entends à peine la porte d'entrée s'ouvrir et que les voix des nouveaux arrivant me paraissent déjà lointaines.

Il est vingt-trois heures et t'es encore au boulot. Pourquoi est-ce que t'as accepté de bosser si tard aujourd'hui, hein ? Parce que t'en as besoin ? Me fais pas rire. T'en as juste marre que Soren passe son temps à s'défoncer. T'en as marre de rentrer tôt et de ne pas le voir. Tu fais des efforts pour rien, tu te prends la tête pour rien. Parce que ton « colocataire »  n'a aucune raison de rentrer tôt ou de se défoncer un peu moi. Il ignore tes sentiments. Après tout, comment pourrait-il savoir ce que tu ressens pour lui si tu ne lui dis rien ? Pourtant, tes regards veulent tout dire. Tes yeux pétillent de joie à chaque fois que tu le vois. Parce qu'après une longue journée, t'es heureux de le retrouver même si tu ne le montres pas Bon sang, c'que ça t'a fait mal. Tu n'as pas envie de le voir s'il est défoncé et qu'il ricane tout seul ; encore moins s'il commence à te parler d'cul ou d'autres choses énervantes. Pourtant, c'est sûrement grâce à lui si tu trouves le courage de te lever chaque matin. Parce que oui, quand tu te lèves, tu penses directement à Soren Généralement, c'est simplement parce que tu le croises directement en te levant, mais je suppose aussi que c'est à cause de tes sentiments. Tu souffles et fais demi-tour, ayant entendu du bruit. Mais finalement, il n'y a rien. Deviendrais-tu parano, Jaxen ? De toute façon, tu sais très bien qu'il ne se passe presque rien la nuit, dans cette zone de la ville et pourtant, on vous a signalé des gamins détruisant les lieux publics. Quelle connerie. En fait, t'as l'impression qu'c'est un canular. Bande de cons. T'as même pas encore croisé ton collègue. Cet abruti doit encore être en train de te préparer une mauvaise blague. Combien de fois déjà a-t-il essayé de te faire flipper en te sautant dessus par surprise ? Pourtant, il devrait savoir que ce genre de truc ne marche pas avec toi. T'es un peu comme un zombie la nuit. Rien ne t'effraie. Sauf les orages, mais ça, ce n'est pas vraiment un truc que tu crie sur tous les toits. Tu soupires et braques ta lampe et ton revolver derrière-toi avant d'hausser un sourcil. « T'es con ou quoi ? Tu f'rais mieux de te concentrer plutôt que d'essayer de me faire peur. Un jour, j'vais vraiment te foutre un coup sans le vouloir et on me virera pour ça. » Dis-tu en grognant, tirant une tête exaspérée. Le jeune homme fait la moue et hausse des épaules. Il est un peu plus vieux que Soren, d'ailleurs, d'une année. Tu soupires. Pourquoi tu repenses encore à ton abruti de coloc' ? Il ne se passe pas une seule journée sans que tu ne penses pas à lui, hein et ce, d'puis qu'tu l'as recueilli et sauver des griffes de l'un de tes collègues. Collègue que tu n'supportes plus et que tu évites le plus possible à présent. Histoire d'éviter de le massacrer à coups d'poings. « Mais, Jaaaax' ! T'es franchement pas drôle. Vous avez fait ça, toi et Malo quand j'ai fait ma première ronde de nuit ! » Tu exploses de rire en l'entendant parler. « Et t'étais à la limite de te pisser dessus. Allez. Retourne dans ta zone au lieu de te plaindre, gamin. » Tu lui frappes gentiment la tête avant de partir. Oui. Il te fait penser à Soren Mais il n'est pas ton gamin préféré. Pourtant, ça ne te dérangerait pas de te servir de ce gosse pour oublier le jeune Edwards, mais c'est impossible. Qu'importe ce que tu pourras faire, le blondinet qui t'sert de colocataire ne te sortira jamais de la tête, t'en ai sûr.

Finalement, tu t'décides à ramener ton collègue chez lui en baillant et en t'étirant. Il n'habite pas très loin. T'appelles ensuite le poste pour leur dire qu'il n'y aucun soucie. Voilà. Tu viens de finir. Tu retournes au poste un peu après pour aller ranger ton bureau ; qui est d'ailleurs en bordel. Tu t'es changé entre temps, revêtant une tenue plutôt classe et maintenant, voilà que tu marches dans les rues sans savoir quoi faire. Le bar ou la discothèque ? Tu ne sais pas vraiment. Peut-être que tu devrais rentrer ? Non. T'as pas envie. Finalement, tu entres dans la boîte de nuit où tu vas assez souvent et tu enlèves directement ta veste, la posant au vestiaire après avoir pris le ticket que le videur de tend. Tu lui souris, amusé avant de foncer au bar pour prendre un verre de vodka pure. Rien de mieux pour commencer. Tu t'en fous, demain, t'es de nuit aussi, alors tu pourras dormir toute la journée. La soirée se passe tranquillement, tu ris, tu t'amuses, tu danses, tu bois, tu dragues, mais finalement, tu termines la soirée à embrasser un mec qui te colle.  Il est plutôt pas mal et comme ça, tu ne penseras plus à Soren pendant quelques temps. Enfin, c'est c'que tu crois, mais ta vue se trouble et t'as l'impression que c'est ton protégé qu'est face à toi, en train de mordiller ta lèvre inférieure. T'as la tête qui tourne, un peu.

Ce n'est que vers cinq heures du matin que tu rentres chez toi, le mec qui te collait toujours accroché à ton bras. T'es plus bourré. C'est bon. Tu souffles et passes une main dans tes cheveux noirs avant de te mettre à marcher vers ton chez toi. Tu te demandes comment va Soren Cela fait quelques temps que tu l'évites maintenant. Mais être loin de lui, n'est-ce pas mieux ? Tu n'sais pas combien de temps tu pourrais te retenir avant de l'embrasser. Ce petit geste anodin que font tous les couples t'effraie lorsque tu te dis qu'il n'y a que les lèvres de c'drogué que tu désires. Finalement, tu ouvres la porte de la maison en soupirant avant de sentir les lèvres de l'autre jeune homme s'acharner sur les tiennes. Il n'y a aucun bruit, mais un détail t'interpelle. Ton sang se glace et tu te figes brusquement en le voyant allongé sur le canapé Il s'est redressé à votre approche et tu te mords le creux de la joue. « S-Soren ? » Tu te crispes en le voyant mal en point ne comprenant pas pourquoi il est ainsi et pourquoi il y a du sang partout. L'autre homme te regarde avec incompréhension et tu le prends par le bras pour le virer de chez. « Casse-toi. J'ai mieux à faire. » Souffles-tu de manière froide avant de fermer la porte à clef, ignorant les insultes qui viennent de derrière. Tu inspires et t'approches doucement de Soren. Il s'est battu ? Ses lèvres sont blessées et son arcade saigne encore un peu. Sans compter le fait qu'il tienne une poche de glace contre son œil gauche. Tu déglutis bruyamment. Tu devrais faire demi-tour, aller t'allonger dans ta chambre, l'ignorer, mais tu ne peux pas. Ton côté protecteur prend le dessus et tu pars chercher la boîte à pharmacie avant de revenir et de lui caresser les cheveux. Qu'est-ce qu'il a fait pour être dans cet état ? « J'parie que t'as même pas désinfecter ... » Tu souffles et le force à se redresser doucement, ayant peur de lui faire mal. « Qui t'as fait ça, Soren ? » Tu lui demandes, monstrueusement inquiet. Rares sont les fois où il revient la gueule éclatée et là, les gens qui lui ont fait ça ne l'ont pas loupé, ça c'est sûr. Tu souffles et sors du coton et le désinfectant pour essuyer ses blessures, mais pour l'instant, t'attends simplement qu'il te réponde, inquiet.

Jaxen est flou. Du moins c'est ainsi que je l'ai vu lorsqu'il est rentré dans l'appart'. Allongé sur le canapé et à moitié dans les vapes, j'arrive tout de même à distinguer une seconde silhouette qui se tient près de celle de mon colocataire...Qui c'est, celui là au juste? Mes sourcils se froncent alors que je m'allonge à nouveau: Pourquoi est-ce que je suis étonné dans le fond? Est-ce qu'il y a réellement matière à s'énerver? J'avoue aujourd'hui détester mon côté possessif et jaloux. Jaxen compte beaucoup pour moi, sur bien des points et je n'aime pas avoir à le partager, que ce soit avec quelqu'un que je connais ou avec un parfait inconnu. Mais bon...Après tout c'est son appart' et Jaxen a le droit de ramener qui il veut ici, je n'ai pas mon mot à dire: Et de toute façon, je n'en aurait pas la force. Pas ce soir. J'essaie alors de les ignorer tout en priant pour qu'ils se bougent d'aller dans la chambre de Jaxen, histoire que je puisse souffrir ici en paix! Soudain, j'entends quelqu'un m'appeler: Jaxen, évidemment. Il parait surpris. Il est vrai que cela fait un bon moment qu'il ne m'as pas vu dans un état aussi minable. Et vu la tête qu'il tire, je ne dois pas être particulièrement beau à voir! Le type à coté ne parait pas mieux, sachant qu'il me regarde les yeux exorbités et la bouche formant un "O" parfait, tel un poisson hors de l'eau. Mais sa surprise est de courte durée parce que Jaxen se reprend apparemment et l'entraîne jusqu'à la sortie. C'est ça, rentre chez ta mère, abruti...Oui, quand je dis que je n'aime pas partager! Une fois seul, je me demande si Jaxen va revenir me voir ou alors s'il va avoir les couilles de me laisser ici, sans rien faire. Parce que oui, depuis quelques temps notre relation est devenue bizarre. En fait, je commence à penser qu'il me fuit, sans même savoir pourquoi: Peut-être que j'ai fais une connerie. Ou peut-être qu'il supporte de moins en moins le fait de devoir supporter un junkie qui lui demande sa dose quotidienne presque tous les jours. Un drogué. C'est ce que je suis depuis un bon bout de temps maintenant et bien que parfois j'aimerais changer, je ne m'en sent pas la force. Aujourd'hui, je n'ai aucun but à atteindre, rien qui pourrait me pousser à arrêter la drogue et les conneries de ce genre.

Et apparemment, Jaxen choisit d'être courageux, parce qu'il s'approche à nouveau de moi, l'air sérieux et froid. Distant, mais plus autant qu'il y a quelques jours encore. Je laisse échapper malgré moi un léger rire quand il m'accuse de ne pas avoir désinfecté mes plaies. Il me connait bien, parce qu'il est certain que c'est la dernière chose que j'aurais pensé à faire en arrivant. Je n'arrivais déjà pas à me tenir debout, alors rester droit comme un "i" seul devant le miroir de la salle de bain dans le but de me soigner...Ouais, non: mission impossible. Gentiment, il me pousse à me redresser, ce qui me fait grimacer alors que pourtant, la douleur ne m'empêche pas de m'exécuter. Viennent ensuite les choses sérieuses quand Jaxen, armé de compresses et d'alcool, me demande qui m'as fait ça. Machinalement, je secoue la tête et hausse les épaules. "...Des types qui ont voulu me provoquer, dans la rue. J'étais bien parti pour passer une bonne soirée avec un mec et voilà que ce trou du cul est sorti de nulle part à commencé à m'insulter. Tu m'connais, j'ai foncé. Ce que je ne savais pas, c'est qu'il avait deux potes avec lui et que par conséquent, je n'ai absolument pas fait le poids." Je soupire et lève les yeux au ciel avant de virer le sac gelé de mon visage pour le laisser s'échouer doucement sur le sol. "J'ai quand même réussi à démolir le visage de l'un d'entre eux, donc tout n'est pas perdu." Las, je passe une main dans mes cheveux avant de regarder Jaxen. "A propos, j'suis désolé. Pour le mec que t'as mis dehors par ma faute." En fait, non. J'suis absolument pas désolé. Le fait qu'il se soit fait mettre à la porte me réconforte, mais en même temps je ne peux m'empêcher de ressentir une part de culpabilité en ce qui concerne Jaxen. Encore une fois c'est lui qui doit s'occuper de moi, prendre soin de moi et soigner mes "blessures de guerre".

Après avoir vu Soren dans un état pitoyable ; tu n'hésites pas avant de virer l'homme qui est à tes côtés. Tu le prends par le prend avec violence et le sors de l'appartement de force, sans même t'excuser. Non, tu lui dis simplement qu't'as mieux à faire. Cela doit être vexant, et tu sais qu'il voudra peut-être se venger, mais t'en as rien à foutre. Pour le moment, seul Soren compte. Et c'est toujours comme ça avec ce gamin. Dès qu'il lui arrive quelque chose, dès qu'il est là, tu n'as d'yeux que pour lui. C'est énervant. Parce que tu t'rends compte que tu t'es trop habitué à sa présence. Au début, tu voulais le signaler au poste pour qu'on lui trouve où habiter, puis tu t'es dit qu'il finirait mal. Parce qu'un gamin livré à lui-même, c'est pas bon. Surtout lorsqu'il s'agit d'un junkie. Et ce n'est pas comme si vivre avec lui était un calvaire. T'es juste en train de crever de l'intérieur parce que t'as peur d'faire un faux pas. Soren, il est le chaton que tu as recueilli. Oui. Tu le vois ainsi. Comme un bébé chat que l'on trouve une boîte de carton en pleine rue ; abandonné. Tu l'as toujours comparé à cette image. Et t'es sûr que cela durera encore longtemps. Ca aurait pu. Jusqu'à-ce que tu te rendes compte que tu commences à ressentir autre chose pour lui. Tn't'aimes pas ça. L'amour, c'est des conneries. T'as peur de c'truc. Tu n'veux pas aimer. C'est pourquoi tu t'en tiens à des coups d'un soir. Mais pour cette fois, tu laisses passer ton plaisir, ton envie pressente n'a qu'à aller se faire foutre. Tu dois le soigner ; parce qu'il est dans un trop mauvais état pour le faire lui-même. Tu soupires longuement, tentant de garder ton calme, même si t'as bien du mal. T'es inquiet. T'aimerais savoir qui lui a fait ça. Qui c'est chargé de lui refaire le portrait alors qu'il n'est jamais méchant. Enfin, avec toi, en tout cas. Si bien qu'ça t'étonnes toujours lorsqu'il revient en sang. Et ça t'rend inquiet aussi. Sauf que t'as horreur de t'inquiéter. Mais avec Soren, t'es obligé d'le faire. Parce que ce gamin est souvent défoncé, parce que parfois, il rentre tard le soir, parce qu'il se tape des gens qu'il ne connaît pas alors qu'il est tout frêle. Bon. D'accord. Il sait se défendre, mais t'as peur qu'il tombe sur un psychopathe. Ou qu'il tombe amoureux tout court. Tu n'veux pas le voir partir en te disant ; « hey ! Ciao ! J'ai trouvé mieux ailleurs ! » Non. Pas après deux ans à vivre avec lui. Pas après … pas après avoir finalement compris tes sentiments pour lui. Tu d'vras sûrement lui dire un jour, mais pour l'instant, tu préfères retarder le jour de l'échéance. Il te répond enfin et tu grognes, versant de l'alcool sur l'une des compresses que tu as posé sur le canapé, à côté du p'tit blond. Tu grognes plus parce qu'il te dit qu'il avait trouvé quelqu'un pour la nuit que parce qu'il te sort que des mecs l'ont provoqués se sont mis à plusieurs contre lui. T'es jaloux et possessif. Et tu t'demandes encore il fait pour ne jamais le remarquer. Pour ne pas voir ton regard désespéré quand il te parle de tout ça. Ou pour ne pas voir que tu serres les poings dès que tu le vois avec un autre homme. Il est aveugle, ou quoi, ce gosse ? Enfin. Soren n'est pas un gosse. Mais tu l'as toujours appelé comme ça jusqu'à maintenant, alors ça t'ferait bizarre de l'appeler autrement. A part peut-être si c'est pour l'appeler par son prénom. Il lève les yeux au ciel, puis laisse tomber la poche de glace sur le sol. Tu la regardes s'échouer sur le sol en un bruit sourd et souffles. Ton regard se lève vers lui une nouvelle fois lorsqu'il recommence à parler. Il passe une main dans ses cheveux et te regardes. Toi, tu n'dis toujours rien ; te contentant d'assimiler les informations qu'il te donne en essayant de ne pas t'énerver. Pas besoin d'lui faire une leçon de morale ou de faire une crise d'impulsivité sans l'vouloir. Soren est déjà en très mauvais état. Tu n'veux pas lui faire plus de mal. Tu hausses des épaules en l'entendant te dire qu'il est désolé. C'est sûr. Il a l'air tellement désolé. Aha. La bonne blague. Il a l'air froid surtout, ouais. Et complètement lessivé. Tu te redresses un peu et viens appuyer délicatement la compresse sur ses blessures au visage. « F'pas ta chochotte, hein. C'est juste un peu d'alcool. Et t'excuses pas. T'sais très bien que quand c'est toi, j'réfléchis pas. A chaque fois que t'as besoin d'aide ou d'une dose, t'sais très bien que j'arrête toujours c'que j'fais pour t'en apporter une. Que j'sois en pleine partie d'jambes en l'air ou non. » Dis-tu, l'air de rien. Tu n'as pas vraiment envie qu'il comprenne le sous entendu de ta phrase. Pourtant, une partie de toi l'espère. M'enfin. Il verra peut-être plus cela comme une façon de lui dire que tu prends soin de lui, comme l'on prend soin de son frère ou d'son fils. Sauf que t'es loin d'le voir ainsi. Tu termines de désinfecter son visage avec douceur. Demain et après demain, il sera magnifique ; avec des bleus partout. Tu souris d'un air nraquois. « T'vas avoir une belle gueule dans quelques heures. » Tu ne lui reproches rien, tu tentes juste de garder ton calme en te montrant moqueur. Et puis, Soren est habitué, non ? Tu soupires et changes de compresses pour lui essuyer le sang qu'il a sur le visage, concentré sur ta tâche. « Tu n'sais pas qui sont ces mecs ? Tu pourrais m'les décrire au moins, non ? T'as pas entendu leur nom ? » Demandes-tu, pressé. Toi, t'as qu'une envie, c'est d'aller leur refaire le portrait. Tout seul. Avec tes poings et ta force seulement.